Exploration d’Ala Kul (trop à la cool) au Kirghizistan3 minutes restantes
Ala Kul
Perché à 3560 mètres d’altitude, l’accès à Ala Köl se fait par une longue ascension qui peut présenter quelques difficultés. La beauté du lac se mérite.
Sommaire
- Préparer son voyage au Kirghizistan
- Itinéraire : 2 semaines au pays des nomades
- Fêter son anniversaire à Bichkek
- Visiter Jeti-Ögüz sans se faire bridenapper
- Randonnée à Fairy Tale Canyon et Clubbing kirghize
- Randonnée équestre dans la vallée d’Arashan
Ala Kul, à la cool
Spoilet alert : non.
Nous partons pour l’ascension d’Ala Kul, dit le « lac coloré », boss final des treks Kirghizes. Je suis comme la fosse. Je suis sceptique. En effet, les trois cacahuètes avalées ces dernières 24h ne m’ont curieusement pas permis de recouvrer mes forces. Je me hisse sur Petit Tonnerre avec la même fougue qu’un phasme au bord du burnout.
Mon cheval joue les funambules sur un sentier aussi engageant qu’une coloscopie, mais qu’est-ce que c’est beau ! Le soleil s’admire dans l’eau et baigne l’horizon d’une onde dorée. L’alpage d’Arashan n’est plus qu’un point minuscule tandis que nous nous approchons des sommets de Terskey Alatau.
Le paysage a défilé longtemps. Assez pour que la terre soit couverte d’un manteau blanc. Alors que les chevaux grattent la neige en quête d’une touffe d’herbe à se mettre sous la dent, nous démarrons l’ascension sans même avoir dégourdi nos guiboles en compote.
Mika est déjà loin devant ; les mains derrière le dos, c’est sa petite promenade de santé. Mes poumons de fumeuse me font bien ressentir le poids de mes excès face à l’effort, l’altitude et les mauvaises idées.
Dans la douleur et les larmes
La beauté du lac se mérite. Perché à 3560 mètres d’altitude, l’accès se fait par une longue ascension qui peut présenter quelques difficultés notamment une fois dépassé le Kurgar Tor.
Soudain, j’entends Marta jurer derrière moi. Je commence à flairer l’arnaque lorsque le fameux « sentier-de-montagne-easy-peasy » se révèle être de l’escalade avec 400 m de dénivelé positif. Je me retrouve à devoir défier les lois de la gravité avec la grâce d’un tonneau. Putain de sa race, en effet.
Nous sommes les premiers suicidaires randonneurs de la journée. C’est à nous « d’ouvrir le chemin ». Comprendre : créer un itinéraire en creusant la neige avec nos mains et nos pieds dans la douleur et les larmes.
Mika finit par tracter notre fine équipe à l’aide d’une corde, tandis que nous avançons péniblement à quatre pattes dans la poudreuse mortifère. A près de 3000 m d’altitude, le mal des montagnes¹ finit par m’achever : j’abandonne, la mort dans l’âme.
¹ Le mal de montagne est lié à une montée trop rapide en haute altitude et à l’absence d’acclimatation. Il se manifeste par des symptômes tels que des céphalées, fatigue générale, nausées, vertiges, dyspnées. Elle serait de 15 % à 2 000 mètres d’altitude et de 60 % à 4 000 mètres. La mort peut survenir par œdème cérébral ou pulmonaire.
« Continuez sans moi ! ». Mika insiste, mais mes jambes ne veulent plus me porter. Tant pis pour le lac, ce serait trop bête de crever pour de l’eau et de la caillasse (dit-elle rageusement). Les ruades des vents d’altitude animent la peur. Je n’étais pas loin de leur proposer de revenir me chercher en hélico. Couleurs vives, ombres dures, textures sublimes, lumières zénithales.
Je reste en position de la tortue, cramponnée à la montagne, à moitié aveugle et trempée dans mes vêtements du quotidien. « Encore une belle idée de merde de caniche, Vicky ». Mais je dois bien l’admettre : ce paradis sauvage vaut bien toutes les déconvenues.
Premier galop
Au retour, Mika a conclut que je n’avais pas eu ma dose d’adrénaline pour la journée. « Ready? » Il assène une petite tape à Petit Tonnerre qui file droit vers ma mort certaine. Nous rejoignons le campement à grands galops à travers les vallées verdoyantes. Qu’il était bon ce sentiment de liberté ! Je me cramponne aux rennes tout sourire, le vent dans les cheveux.
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