Plongée dans la Ville Historique de Xi’An7 minutes restantes
Xi'an
J’ai passé deux jours fabuleux à Xi’An. Au programme : découverte de l’armée en terre cuite, la Grande Mosquée et de son quartier musulman !
Sommaire
- Préparer son voyage en Chine
- Mon itinéraire de 3 semaines dans l’Empire du Milieu
- Beijing, 5 jours au coeur de la capitale : Temple du ciel, Grande Muraille, hutongs ou la superbe Cité Interdite
- Xi’An, à la découverte de son armée en terre cuite et sa Grande Mosquée et son quartier musulman
- Chengdu, ses pandas et ses malls géants, sans oublier sa folle vie nocturne
- Guilin et l’épine de dragon
- Yangshuo : une journée à West Street, balade le long de la rivière Li jusqu’au somptueux village de Xingping
- Hong Kong marque la fin de mon séjour. Entre explorations urbaines et Long Drink sur ses rooftops vertigineux !
Chine : Voyager en train de nuit
Les distances en Chine entre chaque villes peuvent être conséquentes et prendre un train de nuit constitue une alternative intéressante pour économiser de l’argent et du temps sur un séjour. C’est un mode de transport très répandu dans le pays, si bien que j’ai sauté sur l’occasion malgré mon sommeil ultra léger. Après tout, je voulais sortir de ma zone de confort, non ? Voici quelques informations utiles qui vous aideront à mieux appréhender cette nuit originale.
Train de nuit, quelle classe !
Les trains en Chine disposent de quatre classes distinctes. Si on le traduit littéralement : couchettes molles, couchettes dures, sièges mous et sièges durs. Tout individu n’ayant aucun penchant pour le sadomasochisme optera pour une couchette molle, gage d’un sommeil réparateur. Mais parfois, la vie est injuste, et toutes les places ont été réservées… Il faudra vous rendre à l’évidence : investir dans un anti-cerne de qualité et des boules Quiès.
Les couchettes souples sont réparties par quatre, dans une cabine spacieuse et sécurisée par un verrou. La literie est confortable, moelleuse comme de la barbe-à-papa, et de jolis oiseaux bleus vous réveilleront au petit matin (non). Les wagons possèdent également une salle de bain attenante et des toilettes à l’occidentale.
Les couchettes dures sont réparties par six (trois lits superposés qui se font face) dans des cages… cabines ouvertes sur l’allée. Bienvenue à Guantánamo Bay, l’ami ! La plus haute ne permet pas de s’asseoir, sauf si vous êtes atteint de nanisme, mais reste tout de même confortable pour une nuit. Un conseil : préférez les couchettes basses ou moyennes, qui sont plus accessibles et plus spacieuses. Un oreiller et une couette sont fournis car les températures ressenties avoisinent les -15°C avec la climatisation. Pas de salle de bain, juste des toilettes à la turque. À ce prix-là, vous ne vouliez quand même pas que l’on vous serve le thé ?
Les « soft seat » sont disposés par rangée de quatre sièges et vous permettront d’étendre vos jambes, et d’éviter ainsi, les escarres. Quant au « hard seat », ce sont des rangées de cinq places dures. En terme de confort, on a envie que tout s’arrête, que même la vie s’arrête. J’aimerai que l’on consacre une minute de silence à ces sur-hommes. Dont ceux qui passent la nuit debout.
Dormir dans un train : le kit de survie
- Emportez de quoi manger. Certes, il y aura un chariot rempli de victuailles qui passera dans les wagons, mais bien trop cher pour votre budget du Tiers-Monde. Les trains ont des distributeurs d’eau chaude pour se préparer des nouilles instantanées.
- N’oubliez pas vos articles de toilettes pour vous débarbouiller.
- Parez vous de vêtements chauds.
- Et de boules Quiès ainsi qu’un masque de nuit.
La gare de Beijing est énorme ; aussi, voir une horde de chinois se ruer en panique dans les wagons ne m’a pas alarmée. Monumentale erreur. Trop occupée à déchiffrer mon billet, j’ai finalement eu mon train de justesse et rejoins ma cabine au bord de la crise cardiaque.
Retour sur expérience
Pour ma part, j’ai choisi l’option hard sleep. Ma chambre de fortune est constituée de six couchettes superposées. Modeste et peu spacieuse, elle fera l’affaire pour ce soir. Enfin, je finis par comprendre la raison du marathon : mes nouveaux colocataires se sont jetés sur les lits du bas, a.k.a les plus accessibles. Ceux qui n’exigent aucune capacité en escalade. À mon grand désarroi, je ne vois aucune échelle à disposition, uniquement des appuis métalliques ridicules pour me hisser au sommet. Oui, j’insiste. C’est bien un sommet dont il s’agit. Un pic montagneux que je dois atteindre pour rejoindre mes draps. Soit. Je me souviens avoir fait l’ascension de la Grande Muraille la veille, impossible n’est pas Vicky !
Je lance mon backpack, avec tout l’élan que me permet les deux mètres carrés de la pièce… ce dernier me retombe lamentablement dessus. Mon matelas est si haut perché que je ne parviens même pas à y foutre mes affaires. J’ai au moins le mérite d’amuser mes voisins. Soudain, un businessman ascendant ninja surgit de nulle part, et grimpe au troisième étage sans même froisser sa chemise. Armée de ma dignité, je me retrousse les manches et l’imite : mission accomplie. 💪
Dommage que je n’ai pas pensé à vider ma vessie avant. Le vertige me prend lorsque je vois mes jambes pendre au-dessus du vide. Hors de question de descendre à moins que l’on m’y oblige, c’est-à-dire… demain matin, lorsque je serai arrivée à bon port. Si je ne décède pas avant l’aube d’une pneumonie. Qui est le génie qui a placé cette foutue clim’ au-dessus de ma tête ?
Vis ma vie de clandestine
Je suis parquée dans un espace si minuscule que je ne peux pas me mettre en position assise. Me voilà à manger des chips aux crevettes, en lorgnant vers l’écran de mes voisins, couchette du bas. Au programme ce soir : un soap chinois dont je ne comprends pas un traître mot ; assez cocasse si je me fie aux éclats de rire de mon compartiment. Alors que je perds progressivement la vue en me démaquillant avec du gel hydroalcoolique, je me surprends à sourire. Ces aventures sont des défis que j’adore relever ; elles me font absolument tout relativiser.
J’arrive de bonne heure à Xi’an, avec un rhume et une nuque douloureuse. La nuit a été courte, comme les précédentes. Je peux officiellement dire que je me prends les pieds dans mes cernes.
Mon hôte m’attend à la gare sous une pluie diluvienne. Je séjourne au Han Tang Inn Hostel situé à dix minutes de marche du Bell Tower et du quartier musulman. Un pick-up vous réceptionnera à la gare sur simple demande. L’ambiance est très cosy, les chambres sont propres, l’auberge propose des ateliers et des excursions, et possède un superbe rooftop. Tout cela, pour la modique somme de 6 € la nuit.
Le personnel est particulièrement aimable, notamment Lucie, qui d’une : m’a appris à compter en chinois avec les mains. Deux : a sprinté durant cinq bonnes minutes pour me rapporter la paire de godillots que j’avais oublié¹ après mon départ. Un amour.
¹ En réalité, je les avais volontairement abandonné mais je n’avais pas le cœur à lui avouer la triste vérité. Dégoulinante de sueur, au bord de la crise d’asthme, Lucie me tend fièrement ma paire de Stan Smith… Qui finiront dans la poubelle, plus loin.
Visiter Xi'An
Xi'An, ancienne capitale chinoise
Changement de décor. Mon nouveau quartier est plus modeste, les dorures ont laissé place à des immeubles délabrés qui font face à l’auberge. La bonne nouvelle c’est que j’ai enfin une douche privée et cela suffit à me combler. Nous sommes bien loin de l’image que je me faisais de Xi’An. C’est une métropole de plus de 8 millions d’habitants, dont les avenues sont jonchées de McDonalds, Starbucks, KFC et autres boutiques de luxe à perte de vue… Je me dirige aussitôt vers la vieille ville.
Xi’An, qui a été capitale de la Chine, se visite pour son histoire de plus de 3 000 ans, ses remparts et son armée de terre cuite. Sans oublier son quartier musulman, dans laquelle on trouve un marché local de plus de 500 mètres de long. Ses rues labyrinthiques sont idéales pour chiner des souvenirs, mais surtout, découvrir sa streetfood aux saveurs inédites ! En effet, la ville se situe à l’extrémité de la Route de la Soie et a hérité d’une belle influence sino-musulmane qui m’intrigue en tout point.
Quartier musulman
Rue Beiyuanmen
Plus authentique que Wangfujing, la rue Beiyuanmen est animée, frénétique et bruyante ; chaque vendeur interpelle le passant pour lui vendre des denrées. Fervente amatrice de cuisine locale, je suis au paradis. Si vous fuyez la cuisine de rue, vous passerez à côté de tout un pan de la culture chinoise.
Je goûte au fameux roujiamo, qui signifie « pain garni de viande ». Le kebab chinois, si on veut. Un mets typique de la cuisine du Shaanxi. Puis, je jette mon dévolu sur ce qui me semblait être des pommes de terre sautées, mais qui s’avérera être du gras et de la couenne de mouton épicée… Je ne suis que tristesse.
Grouillante, la foule lève de temps à autre les yeux au ciel bas et lourd, colonisé par les panneaux publicitaires et les néons. Sur le pavé luisant et sous sa capuche, le passant passif se laisse pousser sans penser.
La Grande Mosquée
Le quartier Hui
La Chine est officiellement un pays athée mais il existe de nombreuses religions majeures, telle que l’islam, et les musulmans sont l’une des plus anciennes communautés de l’Empire du Milieu. Installée dans le quartier de Huajue, la minorité Hui se composait d’abord de marchands iraniens, perses ou afghans qui voyageaient sur la route de la soie avant de décider de rester à Xi’an, l’un des points de départ.
C’est la seule mosquée chinoise ouverte au public.
Vous ne trouverez ni dôme ni minaret, mais un mélange unique d’architecture traditionnelle chinoise et d’art islamique, ce qui fait sa grandeur et sa beauté. Ses magnifiques cours intérieures sont ornées de fontaines et d’arches. Elles-mêmes décorées de calligraphies en langue arabe illustrant des versets coraniques. Seule la salle de prière est interdite d’accès aux non-musulmans. Assise sur un muret, je me suis surprise à admirer les environs durant des heures.
D’abord reniée, la Grande Mosquée est aujourd’hui un patrimoine religieux pleinement reconnu par le gouvernement qui fut longtemps hostile aux religions. Rappelez-vous la terrible révolution culturelle (1966-1976). Elle fait partie des rares biens publics épargnés durant cette sombre période.
Une fois encore, je m’écroule de fatigue. Je pique un somme avant l’arrivée de Joris, qui me rejoins de Pingyao. Ce soir-là, nous rencontrons de nouveaux amis, avec qui nous trinquerons au bar de l’auberge : Chimay, petite ballade à la guitare, joli moment de complicité. Les rapports humains sont si simples et naturels en voyage.
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